C’est quand tu galères que tu deviens bon
Il y a des moments où tout paraît à l’arrêt. Pas forcément à cause d’un drame ou d’un échec, mais simplement parce que quelque chose ne tourne plus rond, sans qu’on sache exactement quoi. La dynamique s’essouffle, la communication devient floue, la motivation s’évapore peu à peu, et même les prises de parole finissent par sonner creux.
Dans ces phases, on a souvent le réflexe de faire plus : plus de réunions, plus de contenus, plus d’outils, plus d’énergie déployée pour tenter de remettre en marche une mécanique qui, au fond, n’est plus alignée. Et pourtant, ce n’est pas toujours de mouvement dont il est question. Il arrive que la seule chose réellement nécessaire soit de ralentir, de creuser, de comprendre ce qui a été perdu en route.
Car si l’on prend le temps d’observer avec lucidité, sans fuite ni précipitation, on découvre que ce qui coince n’est pas toujours visible à la surface. Ce n’est pas le site qui dysfonctionne. Ce n’est pas le contenu qui manque de “peps”. Ce n’est pas la cible qui a changé. C’est souvent plus profond : une posture d’entreprise devenue floue, des convictions qui se sont diluées avec le temps, ou des choix stratégiques qui n’ont pas été assumés jusqu’au bout.
C’est dans ces creux-là que le travail devient intéressant. Parce qu’il oblige à poser les vraies questions, celles qu’on évite d’habitude : pourquoi on fait ce qu’on fait, pour qui, avec quel objectif, et avec quelle cohérence ? Ce n’est pas confortable, ce n’est pas “efficace” sur le moment, mais c’est fondamental.
J’ai toujours pensé que les entreprises les plus solides ne sont pas celles qui traversent les années sans accroc, mais celles qui savent transformer leurs passages à vide en matière utile. Les difficultés, les remises en question, les silences, les flottements, sont autant d’occasions de revenir à l’essentiel. De recentrer, de réajuster, de reprendre le fil là où il a été coupé.
On ne fait pas un grand virage stratégique en trois slides de PowerPoint. On ne retrouve pas une vision forte à coups d’ateliers de com’. On ne décide pas d’un positionnement en lisant trois benchmarks concurrents. On le fait en allant voir ce qui résiste, ce qui coince, ce qui gêne. Et c’est souvent à cet endroit précis, celui qu’on a évité trop longtemps, que se trouve la clé d’une cohérence retrouvée.
Je ne glorifie pas l’épreuve, je ne romantise pas la difficulté. Mais je sais, pour l’avoir vu mille fois, que c’est en galérant qu’on devient bon. Parce que la galère, si on ne la subit pas passivement, devient un révélateur. Elle oblige à trier, à renoncer, à clarifier. Et elle permet souvent de ressortir plus clair, plus net, plus solide.
Julien Ricciarelli-Bonnal
Consultant senior en marketing, digital et communication
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