Ce matin, j’ai vidé un placard.
Je n’avais pas prévu de faire du tri, ni de me lancer dans un grand ménage symbolique. C’était juste ce moment un peu flottant du dimanche où l’on s’occupe machinalement de quelque chose, sans intention précise, juste pour se sentir un peu plus en ordre.
En tirant un vieux tee-shirt au fond d’une pile, je suis tombé sur un vestige d’Ibiza 2009. Couleur passée, tissu déformé, souvenir intact. Il ne me va plus depuis longtemps, ni physiquement, ni mentalement. Il n’a plus rien à faire là, mais je le gardais quand même. On fait souvent ça avec les objets. On laisse traîner. On évite de décider.
Et à ce moment précis, sans le chercher, une image m’a traversé l’esprit : celle des sites internet.
Ces pages figées qui racontent une version ancienne de nous-mêmes.
Ces rubriques “à propos” écrites il y a cinq ans, ces mentions devenues floues, ces photos prises dans un autre décor, à une autre époque.
On oublie à quel point un site vieillit.
Pas toujours à vue d’œil, mais il vieillit.
Et quand il ne nous ressemble plus, ce n’est pas neutre.
Car dans le doute, c’est lui qui parle à notre place.
Je pense qu’il faudrait parfois faire avec son site ce qu’on fait avec un vieux tee-shirt : le regarder vraiment. Se demander ce qu’il dit encore de nous. Et oser le mettre de côté, ou le retoucher, ou le réécrire. Pas pour faire mieux, mais pour faire juste.
Je n’ai pas fait de ménage digital ce matin.
Mais j’ai jeté le tee-shirt. Et je suis allé vérifier que mon site ne racontait pas une version dépassée de mon travail.
C’était une petite action tranquille.
Mais elle m’a remis face à cette question essentielle :
Est-ce que ce que je montre aujourd’hui est encore fidèle à ce que je suis devenu ?
Bonne question du dimanche.
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✍️ Julien Ricciarelli-Bonnal