Il y a quelque chose de presque ironique dans le fait que le marketing, censé être l’art de la clarté et de la valeur perçue, soit devenu l’un des domaines les plus brouillés par les illusions. Pas celles des clients — mais celles des professionnels eux-mêmes.
Depuis quelques années, on assiste à une avalanche de contenus, de méthodes, de hacks, de tendances, de formats, de recettes toutes faites… au point que la finalité même du marketing semble parfois avoir été oubliée. Or le rôle du marketing n’a jamais été de briller. Il a toujours été de vendre, de relier, d’ancrer une offre dans un réel besoin, et de le faire avec rigueur.
Ce glissement, je le vois tous les jours : des entreprises sincères mais noyées dans une production de contenu sans stratégie, des marques qui enchaînent les refontes sans cohérence, ou des indépendants qui misent tout sur LinkedIn sans jamais clarifier leur positionnement. Dans 80 % des cas, le problème n’est pas technique. Il n’est ni dans l’algorithme, ni dans le canal. Il est dans la promesse. Ou plus exactement : dans l’absence d’une vraie promesse claire, désirable, et différenciante.
La technique peut être déléguée. Le branding peut être peaufiné. Un bon site peut être réalisé par un prestataire compétent. Mais la colonne vertébrale, la structure, le sens, ça ne s’improvise pas. Et c’est là que tout commence.
Dans notre cabinet, quand on mène un audit stratégique, on revient toujours à la source : qui êtes-vous, à qui vous vous adressez, et pourquoi devrait-on vous choisir vous plutôt qu’un autre. Si la réponse est floue, on peut sortir toutes les armes du webmarketing moderne — tunnel de conversion, SEO, mailing automatisé — rien ne tiendra dans le temps.
C’est un peu comme un miroir : si l’image projetée n’est pas alignée avec la réalité du service rendu, le doute s’installe. Et avec lui, l’inefficacité.
Le bon marketing n’est jamais une illusion. C’est une articulation. Un enchaînement logique entre une offre, un discours et une exécution. Il ne s’agit pas d’en faire des tonnes, mais de viser juste.
Et parfois, ça passe simplement par une landing page qui pose les bonnes bases : une accroche claire, une structure limpide, une preuve sociale bien placée… Bref, un vrai point d’entrée efficace, qui ne cherche pas à convaincre tout le monde, mais seulement les bonnes personnes.
Alors non, le problème du marketing n’est pas la technique. C’est l’illusion qu’on peut vendre sans comprendre. L’illusion qu’on peut déléguer sa vision. Et surtout, l’illusion qu’il suffit d’être visible pour être crédible.