Pendant longtemps, l’image de l’entrepreneur héroïque a été associée à une forme de sacrifice permanent, comme si le succès dépendait exclusivement de la capacité à s’imposer un rythme effréné, sans pause, sans respiration, et surtout sans équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle.
On glorifie encore parfois celui ou celle qui se vante de travailler sept jours sur sept, comme si la valeur se mesurait uniquement au nombre d’heures passées derrière un écran ou dans une réunion, alors que la réalité est bien plus subtile : un business solide ne se construit pas sur l’épuisement, mais sur la cohérence et sur la lucidité des décisions prises.
J’ai souvent constaté que les périodes de recul, même courtes, permettaient d’apporter une qualité d’analyse bien supérieure à celle obtenue dans le tourbillon des urgences quotidiennes. Prendre une journée, ce n’est pas perdre du temps, c’est au contraire créer les conditions nécessaires pour voir les choses avec plus de hauteur, distinguer ce qui est essentiel de ce qui est secondaire, et éviter de gaspiller de l’énergie sur des actions qui n’apportent aucune valeur réelle. C’est tout le sens d’un audit stratégique, qui ne consiste pas à ajouter encore plus de tâches à la to-do list, mais à trier, à hiérarchiser et à redonner une direction claire à l’ensemble.
Le travail de consulting sur-mesure vient prolonger cette logique : il ne s’agit pas de répéter des recettes toutes faites ou de conseiller d’agir plus vite, mais d’adapter les priorités à la réalité de chaque entreprise, en tenant compte de son marché, de son équipe et de ses contraintes. C’est souvent dans ces moments d’échange, où l’on prend volontairement du recul, que surgissent les décisions les plus structurantes, celles qui transforment réellement un projet et qui permettent d’ancrer une croissance durable.
En définitive, travailler sept jours sur sept peut donner l’impression de progresser, mais c’est une illusion. On avance plus vite quand on accepte de lever la tête, de se réapproprier une vision d’ensemble et de préserver l’énergie nécessaire pour durer. Le vrai courage de l’entrepreneur n’est pas de s’épuiser sans relâche, mais de choisir un rythme qui lui permet de rester pertinent, lucide et créatif sur le long terme.
Rédigé par Julien Ricciarelli-Bonnal
14 septembre 2025

