Carnet de Julien Ricciarelli-BonnalActualitéLes retards de paiement entre entreprises en forte hausse

9 novembre 2025

Les retards de paiement entre entreprises en forte hausse

C’est un vieux mal français qui revient en force. Selon la dernière étude du cabinet Altares, les délais de paiement inter-entreprises ont atteint en moyenne 14,1 jours au premier semestre 2025, contre 13,5 jours à la fin de l’année 2024. Ce chiffre, qui pourrait paraître anodin, cache une réalité beaucoup plus lourde : moins d’une entreprise sur deux règle ses fournisseurs dans les temps. Et derrière chaque jour de retard, il y a une tension de trésorerie, un report de salaire, une facture repoussée.

Une dérive installée dans le quotidien des TPE et PME

Les grands groupes peuvent absorber les décalages. Les petites structures, non.
Un décalage de deux semaines de paiement, pour une TPE, c’est parfois la différence entre une trésorerie stable et une alerte bancaire. Les retards de paiement créent un effet domino qui fragilise tout le tissu économique : le sous-traitant attend, le prestataire retarde à son tour, et les indépendants se retrouvent en bout de chaîne, sans levier.

Dans certains secteurs comme le textile ou l’immobilier, les retards dépassent 30 jours, parfois plus. Ces délais ne traduisent pas seulement une lenteur administrative : ils sont devenus une habitude, presque une stratégie. Les grandes entreprises utilisent leurs fournisseurs comme variable d’ajustement de trésorerie.
Et au milieu, ce sont les plus petits qui paient — au sens propre.

Un audit stratégique réalisé dans n’importe quelle PME révèle souvent le même schéma : factures émises à temps, relances multiples, trésorerie bloquée. Le problème n’est pas la rigueur des entrepreneurs, mais le déséquilibre des rapports de force. Quand un donneur d’ordre majeur retarde un virement de trente jours, le fournisseur n’a qu’un choix : patienter.

retards de paiement

Un signal inquiétant pour l’économie réelle

Cette hausse des retards intervient dans un climat économique déjà tendu.
Entre inflation, hausse des taux et incertitude politique, les entreprises réduisent leur marge de manœuvre. Beaucoup conservent leur cash “par précaution”, quitte à reporter leurs paiements.
Mais en cherchant à se protéger individuellement, elles fragilisent collectivement l’écosystème.

L’État avait pourtant durci les contrôles depuis plusieurs années, via la DGCCRF et l’Observatoire des délais de paiement. Mais la réalité du terrain est tenace : les amendes sont rares, les pratiques évoluent peu.
La culture du “paiement rapide” reste une exception.
Et tant qu’il sera moins risqué de retarder que de subir, les comportements ne changeront pas.

Les conséquences sont concrètes : difficultés de recrutement, perte de confiance entre partenaires, ralentissement des projets.
Dans certaines filières industrielles, des entreprises rentables sur le papier ferment simplement parce que leur trésorerie n’a pas tenu.
Le crédit inter-entreprises, cette dette invisible que les uns font porter aux autres, dépasse désormais 700 milliards d’euros en France.

Une question de gestion, mais aussi de culture

Il serait trop simple de réduire ce problème à une question de discipline financière.
Les retards de paiement traduisent aussi un manque de culture de la relation commerciale équilibrée.
Beaucoup d’entreprises considèrent encore que “payer plus tard, c’est gagner du temps”.
En réalité, c’est fragiliser la chaîne dont on dépend soi-même.

Le consulting marketing, au sens large, permet souvent de révéler ces tensions invisibles.
Lorsqu’on accompagne une entreprise dans sa stratégie globale, on se rend compte que les retards de paiement ne sont pas seulement un problème de comptabilité : ils sont le symptôme d’un modèle économique mal pensé, où les flux ne sont pas alignés avec la réalité opérationnelle.
Une entreprise qui paye tard n’a pas forcément de mauvaise intention, mais elle manque souvent d’organisation, de prévision ou d’outils de gestion adaptés.

Dans les faits, la modernisation administrative — facturation électronique, plateformes de suivi, automatisation des paiements — pourrait contribuer à réduire les délais. Mais sans changement culturel, la technologie ne suffira pas.

Un équilibre à reconstruire

Les retards de paiement ne sont pas qu’un indicateur économique : ils disent la santé morale d’un pays d’entrepreneurs.
Ils révèlent la confiance qu’on accorde à ses partenaires, la qualité des liens qu’on entretient avec eux, la capacité à respecter la parole donnée.
Et si la France veut vraiment soutenir son tissu de TPE et de PME, c’est peut-être par là qu’il faut commencer : en redonnant du sens au mot “délai”.

Payer dans les temps, ce n’est pas un geste administratif.
C’est une marque de respect, une forme de loyauté commerciale.
Et à l’échelle collective, c’est le premier pas vers une économie plus saine, plus fluide, plus humaine.

Rédigé par Julien Ricciarelli-Bonnal

9 novembre 2025

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