L’obsession du buzz détruit la confiance
On confond souvent visibilité, buzz et crédibilité. C’est l’un des grands drames du marketing contemporain : à force de vouloir être vu, on a oublié comment être cru. Les marques ne cherchent plus à convaincre, elles cherchent à exister dans le flux. Et ce flux, sans cohérence, finit toujours par tout avaler — y compris la confiance qu’on croyait acquise.
Le court terme comme modèle
Il y a vingt ans, une stratégie se mesurait sur des mois, parfois sur des années. Aujourd’hui, elle se résume souvent à un calendrier de publications. Chaque marque veut “prendre la parole”, “faire le buzz”, “créer de l’engagement” — comme si ces mots suffisaient à définir une direction. Ce n’est plus du marketing, c’est de la survie algorithmique.
Le problème, c’est que ce réflexe court-termiste érode la perception de sérieux. À force de parler pour exister, on finit par dire n’importe quoi. Et dans ce bruit constant, plus personne n’écoute. Le consulting marketing retrouve ici tout son sens : il rappelle qu’une communication n’est pas une course à l’attention, mais un projet de fond. Construire une marque, c’est bâtir une structure mentale cohérente, pas une succession d’étincelles.
L’attention est devenue la nouvelle monnaie du marché. On la chasse, on la compte, on la convertit en vanity metrics. Pourtant, l’attention n’est pas la confiance : elle ne dure que le temps d’un scroll. Et un “like” ne prouve rien — si ce n’est que quelqu’un a regardé ton contenu sans le détester.

L’économie de la distraction
Le plus paradoxal, c’est que cette obsession du buzz naît souvent de la peur. Peur de disparaître, peur de l’oubli, peur du silence. Les entreprises se sentent obligées d’occuper l’espace, même quand elles n’ont rien à dire. Le vide, dans leur esprit, équivaut à la mort.
Alors on publie, on tweete, on commente, on partage. On alimente la machine, jusqu’à ce qu’elle tourne sans direction. Et à la fin, on confond mouvement et progression. C’est là que le marketing se pervertit : il devient une mécanique de stimulation, pas de réflexion.
Les marques les plus solides, au contraire, acceptent de ralentir. Elles choisissent leurs moments, leurs mots, leurs batailles. Elles savent que le silence peut être une stratégie. Parce qu’à force de tout commenter, on finit par ne plus incarner rien.
La sincérité ne s’improvise pas
Ce que les gens attendent aujourd’hui, ce n’est pas plus de contenu, c’est plus de cohérence.
Ils veulent sentir qu’il y a quelqu’un derrière la marque — pas une machine à posts. Ils veulent des idées, pas des slogans recyclés.
Et surtout, ils veulent des entreprises capables d’assumer leur ton, même s’il n’est pas parfait.
Une communication juste, c’est une communication incarnée. Pas nécessairement “authentique” au sens galvaudé du terme, mais lucide. Ce que fait un consultant en marketing digital, ce n’est pas d’ajouter du vernis : c’est d’aligner le fond et la forme, de faire en sorte que la stratégie parle le même langage que la marque.
La sincérité, comme la confiance, ne se décrète pas. Elle se construit, phrase après phrase, action après action. Et elle se perd très vite.
Le bruit tue la valeur
À force de saturer l’espace, le marketing devient inaudible. Les consommateurs, eux, se protègent : ils filtrent, ils zappent, ils s’éloignent. Ce qu’ils fuient, ce n’est pas la publicité, c’est la dissonance. Le sentiment que tout le monde parle trop fort pour cacher qu’il n’a plus rien à dire.
Les marques qui réussiront demain ne seront pas celles qui font le plus de bruit, mais celles qui parlent juste. Celles qui comprendront que le silence peut être plus puissant qu’une campagne bien orchestrée.
Conclusion : reconstruire la confiance, pas le bruit
Le vrai luxe aujourd’hui, ce n’est pas d’être visible. C’est d’être crédible.
De ne pas céder à la tentation du buzz, mais de tenir une ligne, même quand elle attire moins de clics.
Le marketing ne devrait jamais être un réflexe de panique. C’est une discipline de cohérence.
Et si cette cohérence redevient rare, c’est qu’elle demande du courage : celui de ne pas céder à la facilité, de ne pas confondre agitation et ambition.
Parce qu’au bout du compte, la confiance se reconstruit en silence.
Rédigé par Julien Ricciarelli-Bonnal
3 novembre 2025

