Quand tout le monde veut vendre, plus personne n’écoute
On vit dans une époque où la parole commerciale a pris le pas sur la parole utile.
Chacun veut capter l’attention, imposer un message, pousser son offre, raconter sa légende.
Mais à force de parler, plus personne n’écoute.
Et le marketing, qui devait à l’origine être une science de la compréhension, s’est transformé en une mécanique de saturation.
Les entreprises ne manquent pas de discours.
Elles manquent d’écoute.
Écouter le marché, écouter les signaux faibles, écouter ce que disent les clients quand ils ne parlent pas : c’est là que se loge la vraie stratégie.
C’est le retour au sens premier du mot “communication” : mettre en commun.
Le paradoxe du bruit
Chaque marque veut “exister” dans le brouhaha digital.
Résultat : tout le monde crie un peu plus fort.
Les visuels sont plus contrastés, les slogans plus courts, les campagnes plus répétitives.
Mais à mesure que le volume monte, la pertinence s’efface.
La surenchère du message a un effet pervers : elle abîme la confiance.
L’attention devient une ressource rare, et l’entreprise qui veut la capter doit d’abord la mériter.
Ce n’est pas en ajoutant du bruit qu’on la conquiert, mais en réapprenant à créer du sens.
C’est tout le travail du consulting marketing : identifier ce qu’il faut dire, mais surtout ce qu’il faut arrêter de dire.
Un bon consultant ne pousse pas à parler plus, il aide à parler juste.
Et souvent, c’est ce silence stratégique — ce recentrage — qui relance l’intérêt autour d’une marque.

L’écoute comme stratégie
Écouter, ce n’est pas attendre son tour pour parler.
C’est observer, analyser, décoder.
Les outils digitaux nous donnent aujourd’hui une quantité d’informations vertigineuse : analytics, comportement des utilisateurs, mots-clés, taux de clics, conversions.
Mais sans méthode, ces données deviennent du bruit de plus.
La clé, c’est la lecture.
Savoir lire ce que le marché exprime à demi-mot : une baisse de trafic, un commentaire, une recherche non satisfaite.
Un bon référencement SEO, par exemple, ne consiste pas à “travailler des mots-clés”, mais à comprendre les besoins réels que ces mots traduisent.
Le SEO n’est pas une technique, c’est une forme d’écoute.
Et dans un monde où chacun veut parler, celui qui écoute devient immédiatement plus pertinent.
La fatigue du public
Les audiences ne sont pas lassées du marketing, elles sont lassées des artifices.
Elles ne veulent plus être séduites, elles veulent être considérées.
Elles ne cherchent pas des slogans, elles veulent des réponses.
Le marketing de demain n’est pas un marketing qui invente de nouvelles phrases : c’est un marketing qui reformule les bonnes questions.
Écouter le client, c’est aussi accepter qu’il ne soit pas toujours d’accord.
C’est comprendre que la valeur d’une marque ne vient pas de son discours, mais de sa capacité à s’ajuster à la réalité.
C’est une posture d’humilité — une qualité devenue rare à l’ère de l’ego digital.
Le retour du bon sens
Le marketing n’a pas besoin de plus d’outils, il a besoin de plus de justesse.
Le jour où les marques se remettront à écouter avant de produire, à observer avant de publier, à comprendre avant de répondre, elles regagneront naturellement la confiance perdue.
Le plus ironique, c’est que cette approche, qu’on appelle aujourd’hui “stratégique”, n’a rien de nouveau.
C’est juste du bon sens.
Mais le bon sens, quand il est bien appliqué, devient un avantage compétitif redoutable.
Dans un monde où tout le monde veut vendre, celui qui écoute finit toujours par comprendre ce que les autres ont oublié.
Et comprendre, c’est déjà convaincre.
Rédigé par Julien Ricciarelli-Bonnal
30 octobre 2025

