Le marketing du buzz : beaucoup de bruit, peu de sens
Le marketing a toujours flirté avec la séduction. Mais aujourd’hui, il s’est amouraché du bruit.
Le buzz est devenu la nouvelle monnaie de la communication : il ne s’agit plus de convaincre, mais de faire réagir. Plus la réaction est forte, plus la marque croit exister. Peu importe que le message soit vide, tant qu’il fait du bruit. Cette logique, autrefois réservée aux tabloïds, s’est imposée au cœur du monde professionnel. Et elle détruit lentement ce qui faisait du marketing une discipline de réflexion : la cohérence.
Le réflexe du vacarme
On pourrait croire que le marketing a évolué avec son époque, qu’il s’adapte aux nouveaux formats, aux algorithmes, aux réseaux. En réalité, il a cédé. Il ne parle plus aux gens, il parle à la machine.
Chaque publication est pensée non plus pour un lecteur, mais pour un flux. On ne cherche plus à transmettre une idée, mais à provoquer un mouvement : un clic, une réaction, un commentaire. Peu importe la qualité, il faut du volume. Peu importe la nuance, il faut un effet.
Cette logique transforme les communicants en pyromanes. On allume des feux pour exister, quitte à brûler la crédibilité au passage. On oublie que le vrai marketing n’est pas une performance, c’est une architecture. Et qu’un message, aussi viral soit-il, ne vaut rien s’il ne sert pas une vision.

Le court terme érigé en méthode
Le drame du buzz, c’est qu’il se nourrit de sa propre obsolescence.
Une idée forte hier est déjà oubliée demain. Un post “impactant” devient invisible après trois jours. Et pendant que les marques se battent pour quelques secondes d’attention, elles perdent la mémoire de leur propre discours.
Le marketing du buzz ne construit rien. Il remplace la stratégie par la réaction, l’analyse par le réflexe. C’est une fuite en avant permanente.
Les entreprises qui s’y enferment finissent épuisées : elles publient plus, mais convainquent moins.
Elles courent après des chiffres qui n’ont aucune valeur réelle, des indicateurs d’ego qui masquent une absence de direction.
La confusion entre visibilité et crédibilité
Ce n’est pas parce qu’on vous voit qu’on vous croit.
Ce n’est pas parce qu’on parle de vous qu’on vous écoute.
Le marketing du buzz entretient cette illusion : celle que l’exposition équivaut à la légitimité.
Mais la vraie confiance ne se mesure pas en likes, elle se mesure en constance.
Une marque crédible ne se construit pas sur une punchline, mais sur une ligne.
Et cette ligne, on ne peut la tenir que si elle repose sur une intention claire, une vision long terme.
C’est précisément ce que rappelle le rôle d’un consultant en marketing : ramener du fond là où il ne reste que du réflexe. Penser avant de publier. Clarifier avant de parler.
Le métier n’a jamais été de “faire du bruit”. Il a toujours été d’organiser la parole.
Le marketing devrait servir à donner du sens à la communication, pas à amplifier le vide.
La crise de la sincérité
Le problème du buzz, c’est qu’il abîme la parole.
À force de vouloir provoquer, les marques ne savent plus émouvoir.
Elles pensent qu’il faut choquer pour exister, alors qu’il suffirait d’être juste.
Le public n’est pas dupe. Il a appris à filtrer, à se méfier, à scroller sans s’arrêter.
Chaque exagération abîme la crédibilité. Chaque surenchère creuse un peu plus la distance entre la marque et son audience.
Le marketing du buzz ne génère pas de relation : il génère du rejet.
Le paradoxe, c’est que plus une marque crie, moins on l’entend.
Le silence devient un luxe, la cohérence une rareté, la parole maîtrisée un signe de distinction.
Le bruit ne remplace pas la musique
Faire du buzz, c’est facile. Faire du sens, c’est rare.
Le premier attire les curieux, le second attire les fidèles.
Le marketing n’a jamais été une question de volume, mais de justesse.
Ceux qui continueront à confondre agitation et stratégie s’épuiseront dans le vacarme.
Ceux qui oseront la clarté — une idée simple, un ton juste, une parole tenue — finiront par regagner la confiance.
Et dans un monde saturé de bruit, c’est peut-être ça, la vraie révolution marketing : réapprendre à parler bas, mais vrai.
Rédigé par Julien Ricciarelli-Bonnal
8 novembre 2025

