Relations publiques : quand la visibilité tourne au déguisement
Les relations publiques devraient servir à relier les marques à la réalité.
Mais mal menées, elles créent l’inverse : un vernis, une mise en scène, une illusion de crédibilité.
Beaucoup d’entreprises voient encore les RP comme une extension de leur ego, pas comme un outil de stratégie. Résultat : elles parlent dans le vide, se perdent dans les communiqués standardisés et finissent par nuire à leur image au lieu de la renforcer.
La confusion entre notoriété et reconnaissance
Les entreprises confondent souvent la notoriété avec la légitimité.
Elles pensent qu’obtenir une mention dans un média suffit à créer la confiance, sans comprendre que la visibilité ne vaut rien sans cohérence.
C’est le syndrome du “regardez-moi” : on veut être cité avant même d’avoir quelque chose à dire.
Et c’est précisément là que les relations publiques se dénaturent — quand elles cessent d’être un outil de dialogue pour devenir un instrument de bruit.
Le vrai rôle des RP n’est pas de faire du tapage médiatique, mais de construire des ponts.
Elles doivent relier le discours de la marque à l’intérêt réel du public.
Autrement dit : c’est un travail de contexte, pas de spot.
Mais trop de directions communication le traitent comme une opération de surface, confiée à la hâte à des agences qui recyclent les mêmes listes de journalistes et les mêmes accroches vides.
On oublie que les journalistes ne sont pas des amplificateurs : ce sont des filtres.
Et qu’un article publié ne sert à rien s’il n’incarne pas une idée juste, ou s’il sonne faux.

La logique du “coup”
Le grand mal des RP modernes, c’est la logique du “coup”.
On veut un buzz rapide, un article, une interview, une citation.
On pense que chaque apparition suffit à nourrir l’autorité.
Mais la communication n’est pas un feu d’artifice : c’est une discipline de continuité.
Les marques qui confondent le one shot et la stratégie médiatique s’épuisent dans le sprint.
Ce qui rend les relations publiques efficaces, c’est la répétition maîtrisée, pas la dispersion.
Mieux vaut trois prises de parole cohérentes sur un sujet clair que dix mentions sans ligne directrice.
L’attention n’est pas cumulative quand elle n’a pas de sens.
C’est là que le rôle du consulting marketing digital devient essentiel : réintroduire de la méthode dans une logique souvent purement opportuniste.
Le digital n’est pas seulement un canal de diffusion, c’est un instrument de mesure et de cohérence.
Une stratégie de RP devrait s’articuler autour d’un contenu central, puis se décliner sur les bons médias, au bon moment, pour les bonnes raisons.
L’illusion de la modernité
La communication contemporaine adore les apparences.
On croit que parce qu’un communiqué est bien rédigé, qu’un visuel est épuré, qu’un post est bien structuré, le travail est fait.
Mais la forme ne remplace pas la pensée.
Un message poli n’est pas un message pertinent.
Les entreprises oublient que les médias, comme les publics, ont affiné leur radar à la sincérité.
Ils repèrent immédiatement le discours creux, le jargon, le “bullshit de positionnement”.
Le pire, ce n’est pas de ne pas être cité — c’est d’être cité sans impact.
Une mauvaise communication ne laisse pas d’empreinte : elle laisse une impression de vide.
Les RP ne consistent pas à “être partout”.
Elles consistent à apparaître là où c’est juste, avec un message fort et une parole crédible.
Une visibilité mal ciblée abîme plus qu’elle ne valorise.
Revenir à l’intelligence du contexte
Les relations publiques ne sont pas un outil de prestige.
C’est un levier d’équilibre entre exposition et retenue.
Elles devraient servir à clarifier la parole, pas à la maquiller.
Les marques qui comprennent cela construisent des relations durables avec les médias, les partenaires, les clients.
Elles savent que la confiance se gagne par la répétition du vrai, pas par l’éclat du moment.
Elles n’ont pas besoin de crier, parce qu’elles ont quelque chose à dire.
Les autres, celles qui confondent le contact presse avec le contact réel, se noient dans leurs propres messages.
Elles oublient que la meilleure publicité reste celle qu’on n’a pas besoin d’écrire soi-même.
Rédigé par Julien Ricciarelli-Bonnal
8 novembre 2025

